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mercredi 11 février 2015

René Fallet, La soupe aux choux










Roman épicurien



Qui ne souvient pas, étant enfant, du film La soupe aux choux? Des mimiques d'un Louis de Funès ébouriffé, des cris de dindons d'un Jacques Villeret en pyjama jaune, de son générique de fin angoissant? Film épicurien par excellence, La soupe aux choux était à l'origine un roman de l'inénarrable René Fallet. Cet auteur truculent et injustement méconnu est sans doute familier des cinéphiles avertis (et âgés) : Les vieux de la vieille? C'est lui. Le triporteur? C'est lui. Un idiot à Paris? C'est encore lui.



René Fallet est né à Paris en 1927, d'un père cheminot originaire de l'Allier. Il était journaliste et écrivain, et fut un grand ami de Georges Brassens. De son propre aveu, l'auteur bourbonnais puisait son inspiration principalement dans l'alcool.







Druides de la chopine.



Au hameau des Gourdiflots, patelin perdu et déclinant du Bourbonnais (ici, on n'accepte toujours pas l'appellation "Allier", pourtant officiellement adoptée en 1790) Francis Chérasse, dit "le Bombé" (eu égard à sa bosse) et Claude Ratinier, dit "Le Glaude" sont voisins depuis des lustres.

Depuis qu'ils sont à la retraite, leur quotidien est fait de bon temps passé ensemble, de jardinage, et de pinard. Surtout de pinard.

Un soir, une soucoupe volante atterrit dans le champ du Glaude. En sort un extra-terrestre amical, plutôt rondouillard et qui s'exprime en poussant des cris de dindon. Le Glaude sympathise avec l'alien, qu'il surnomme affectueusement "La denrée". Il lui offre un bol de soupe aux choux, que ce dernier apprécie tellement qu'il souhaite en ramener un échantillon sur sa planète. Le Bombé de son côté a aperçu la soucoupe et pousse de hauts cris. Le Glaude lui rétorque qu'il n'a rien vu et qu'il devient fou.



Lorsque Chérasse file à la gendarmerie pour apporter son témoignage, il se fait tancer vertement. Et toute la population le prend alors pour un "bredin" (c'est ainsi que l'on appelle les illuminés dans le Bourbonnais). Son amitié avec le Glaude est mise à rude épreuve. Déprimé, le Bombé boude dans son coin. Il fait même une tentative de suicide.



De son côté, le Glaude reçoit de fréquentes visites de la denrée, qui est devenu son ami. Ce dernier apprécie le Glaude, qui lui a fait découvrir les plaisirs de la vie, une notion totalement inconnue sur la planète de la denrée. Pour le remercier, la denrée ressuscite sa femme, la Francine. Mais cette réapparition de sa défunte épouse va causer au Glaude plus de soucis que de bonheurs...









Une oeuvre culte



La soupe aux choux demeure certainement l'histoire la plus connue de Fallet. Truculent, hilarant mais parfois tendre, ce roman, qui mêle humour, cocasserie, tendresse et cruauté ne vous laissera pas indifférent. René Fallet est mort en 1983 mais les répliques cultes de son roman sont encore célèbres aujourd'hui, et les multiples rediffusions de l'adaptation cinématographique de Jean Girault  n'entament en rien son succès. Comme le pinard, la soupe aux choux peut se consommer sans modération, car elle fait du bien à la santé et au moral.

Et si la recette du bonheur était aussi simple à préparer qu'une délicieuse soupe aux choux? Accompagnée d'une bonne chopine de vin rouge, cela va de soi.



Dessert



Pour vous allécher, voici les premiers mots du roman, en guise de dessert:



" Au village, sans prétention, il n'y avait plus rien. Le four du boulanger s'était refroidi en même temps que le boulanger, qui ne cuisait plus ses couronnes qu'au cimetière (...) Au village, en outre, il n'y avait plus d'idiot du village. Dès qu'ils manifestaient leurs talents, on les ramassait comme des petits-gris pour les enfermer à l'asile psychiatrique d' Yzeure (...) Il subsistait encore, vaille que vaille, au hameau des Gourdiflots, deux "exotiques" comme on les désignait, deux fossiles de la plus belle eau (...) le premier (...) de ces deux druides de la chopine s'appelait Francis Chérasse dit "Cicisse", dit " Le Bombé", vu qu'il était un tout petit chouilla bossu sur les bords et aux entournures. Le second, c'était Claude Ratinier, dit "Le Glaude", comme on prononçait par chez lui."



René Fallet, La soupe aux choux, éditions Denoël, 1980.




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